Samhain/Halloween: quelques repères

C’est avec une journée de retard que je vous souhaite à tous un bon Samhain/Halloween !

Voilà d’ailleurs l’occasion de rappeler certaines petites choses importantes à la compréhension de cette fête, qui pour la plupart des gens se limite à « une fête commerciale importée des États-Unis » ou bien encore une fête morbide, voire satanique… Ces conceptions sont, bien sûr, fausses et fondées sur des préjugés hâtifs qui témoignent, encore une fois, des peurs inculquées par certaines religions grandissantes à l’époque païenne.

Origines et principales significations de Samhain

Revenons tout d’abord à l’origine de la fête. Celle que l’on connaît communément aujourd’hui sous le nom christianisé d’Halloween apparaît chez les Celtes avant même la christianisation de ces peuples et porte alors le nom de Samhain (prononcer sow-een), ce qui signifie en gros « Summer’s end », la « fin de l’été », et par extension l’entrée dans la moitié froide et sombre de l’année. Les festivités de Samhain prenaient place sur plusieurs jours, débutaient environ deux semaines et se terminaient environ deux semaines après.

Contrairement aux idées reçues, Samhain, entre autres, célèbre la lumière, comme beaucoup de fêtes païennes. En effet, puisque Samhain marque l’entrée définitive dans la moitié sombre de l’année, on tenait symboliquement à prendre la lumière avec soi et la conserver afin de ne pas passer l’hiver dans l’obscurité. D’où le grand nombre de bougies allumées lors des célébrations. Toujours symboliquement, conserver le feu pendant la période revient à conserver une partie du soleil, qui lui disparaît pour ne renaître que plus tard dans l’année.

Je reviendrai au symbolisme des bougies et des lumières un peu plus loin mais pour l’instant, je vais me concentrer sur l’un des aspects les plus connus de Samhain/Halloween : sa connexion avec la mort et avec les morts, qui s’avère beaucoup moins effrayante et bien plus paisible que ce que l’on raconte ou voit dans les films. La nuit de Samhain, le voile ou la porte qui sépare le monde des vivants et l’Autre Monde (celui des morts) s’affine (dans le cas où l’on voit un voile) ou s’ouvre (pour une porte), permettant aux deux mondes de s’entremêler et se rencontrer. Les morts sont alors plus proches des vivants, voire parmi eux, et il est plus aisé de communiquer avec eux. Mais il ne faut pas se leurrer non plus : tous les esprits en liberté cette nuit-là ne sont pas nécessairement « bénéfiques » ou « inoffensifs » ! C’est là que les bougies interviennent à nouveau, à l’aide des fameux « Jack O’Lantern », ces citrouilles ou potirons gravés et évidés dans lesquels on dispose des bougies pour en faire des photophores que l’on dépose derrière une fenêtre ou sur un perron.

Des traditions héritées des temps anciens

À l’origine, les Celtes, en particulier ceux d’Irlande, gravaient d’effrayants sourires sur de gros navets ou de grosses courges et les déposaient de façon à ce qu’ils puissent être bien vus de l’extérieur. Ce n’est que lors de l’immigration irlandaise vers les États-Unis que ceux-ci adoptèrent la citrouille et le potiron, qui ne se trouvaient pas dans leur pays d’origine et qui avaient un pourtour plus régulier, une forme rappelant celle d’une tête. C’est depuis ce temps que l’on associe la citrouille à Samhain/Halloween. Ces citrouilles arborant d’inquiétants visages sont bel et bien destinées à effrayer… les esprits malveillants ! Leur rôle est en effet à la fois de guider les morts sur les chemins pour éviter qu’ils ne se perdent, et à faire peur aux esprits malveillants pour éviter qu’ils ne s’en prennent aux vivants et leur jouent de mauvais tours. Ces Jack O’Lantern agissent donc comme des protections et comme des guides pour permettre aux défunts de retrouver leur route sans s’égarer. De même les déguisements revêtus par les enfants sont-ils censés effrayer les « mauvais esprits » et les tenir éloignés.

Certains peuvent se dire : « Les morts qui marchent sur terre, c’est impossible ! » À ce niveau-là, il est une chose intéressante à considérer : Samhain constituait le passage à la nouvelle année chez les Celtes, et c’est d’ailleurs encore le cas pour beaucoup de païens de nos jours. Comme on l’a vu, les festivités commençaient environ 14 jours avant le 31 octobre et se terminaient environ 14 jours après. Le 31 octobre se situait donc entre les deux, et n’appartenait à aucune des deux années. Samhain est donc un jour (et surtout une nuit) hors du temps, ce qui permet justement la communication entre les deux mondes et leur extrême proximité.

Une mauvaise réputation

La mauvaise réputation de Samhain/Halloween vient de l’époque de la christianisation du monde celte. En effet, difficile de convertir certaines populations alors que celles-ci ont des croyances déjà bien ancrées ! Il a donc fallu en récupérer certaines, et Samhain en fait partie. Les Chrétiens ont en quelque sorte « intégré » Samhain à leurs fêtes et ont ainsi créé la Toussaint, le jour de tous les saints. D’où le nom « Halloween », qui est la contraction de « All Hallow’s Eve », « la veille de la Toussaint ». Cela dit, les populations n’acceptèrent jamais pleinement la Toussaint pour ce qu’elle représente, c’est-à-dire le jour où l’on est censé honorer tous les saints, mais lui ont plutôt donné des caractéristiques et des traditions dignes de Samhain, en honorant leurs morts et ancêtres. Traditionnellement, le 1er novembre est le jour privilégié par les familles pour se rendre au cimetière rendre hommage à leurs morts, ce qui marque bien l’une des survivances des anciennes coutumes de Samhain.

Bien sûr, Samhain/Halloween comporte aussi son lot de jeux, de distractions et d’activités, qui ne sont en aucun cas destinés à se moquer des morts ou de la mort, comme on peut l’entendre çà et là. Bien au contraire, toutes ces choses sont un hommage aux morts, et Samhain est d’ailleurs le meilleur moment de l’année pour pratiquer la divination, en raison de sa position entre les deux mondes.

Un peu de lecture

Je profite de cet article pour confirmer ce que j’ai écrit quelques semaines plus tôt sur l’ouvrage Halloween que j’ai présenté. Cet ouvrage est vraiment très bien fait, et très riche ! En voici d’ailleurs quelques autres qui pourront vous donner des idées de lecture.

Le Chaudron de Morrigann: "Halloween", Silver RavenwolfOn commence par Halloween, de Silver Ravenwolf, qui relate non seulement l’histoire de Samhain, mais aussi ses coutumes telles qu’elles ont été et telles qu’elles sont encore vécues aujourd’hui par les païens, en passant par ses superstitions, ses techniques de divination, la magie que l’on peut y pratiquer, des recettes de cuisine et des façons d’honorer les morts ainsi que des sorts.

Le Chaudron de Morrigann: "A Witch's Halloween", Gerina DunwichUn autre ouvrage intéressant apportant là encore un point de vue sorcier, celui de Gerina Dunwich, A Witch’s Halloween. À l’honneur ici : des indications pour des rituels, des informations sur l’usage des herbes pour des potions, la symbolique païenne de Samhain/Halloween, les légendes qui entourent la fête, ses superstitions et ses présages, des éléments pour construire un sabbat (eh oui, les sorcières appellent leurs soirs de fêtes des sabbats, sans aucune mauvaise connotation !), et bien sûr, des recettes pour un repas réussi ! De plus, Gerina Dunwich rappelle un autre symbolisme de cette fête ! Samhain, associée à la mort, est aussi associée à la vieille femme, le troisième aspect de la Déesse Mère (les deux autres étant la jeune fille et la mère), elle-même fortement connectée à la divination et à la sagesse qui vient du grand âge et de l’expérience.

Le Chaudron de Morrigann: "The Book of Halloween", Ruth Edna KelleyThe Book of Hallowe’en, de Ruth Edna Kelley, est lui aussi intéressant et aborde des aspects différents des deux précédents, tout en en reprenant certains. Là encore, les origines, les superstitions, augures, légendes, etc., mais la présentation s’étend aussi à l’Angleterre, la France, la Bretagne, l’Île de Man, le Pays de Galles… et aborde même la Walpurgis Night, du 30 avril au 1er mai, qui est une sorte d’Halloween bis (pour vraiment simplifier la chose !). Pour agrémenter le tout, l’ouvrage est parsemé de poèmes et de vers, parfois anciens, ce qui rend la lecture ludique !

Le Chaudron de Morrigann: "The Puffin Book of Magic Verse"Le dernier ouvrage dont j’aimerais parler brièvement ne fait pas de Samhain/Halloween son point central, mais propose de petites choses en rapport avec la fête. The Puffin Book of Magic Verse [ed. Charles Causley], propose toute une collection de poèmes en rapport avec la magie, que ce soient des sortilèges, des malédictions, des poèmes parlant des sorcières, des fantômes, des esprits élémentaux, etc.. Certains vers sont très anciens et anonymes, relevant du folklore et de la tradition orale. On peut facilement y trouver son bonheur si l’on cherche une poésie inspirée d’Halloween !

(© Morrigann Moonshadow, le 1er novembre 2008. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)

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