Réagir face au plagiat sur Internet

Lorsque j’ai effectué le déménagement du blog article après article, commentaire après commentaire, j’ai rencontré quelques difficultés techniques sur un article auquel je n’arrivais pas à accéder suite à un souci sur la plateforme qui l’hébergeait. Je suis alors passée par un autre navigateur et par un moteur de recherche pour y avoir accès et encore une fois, je me suis dit que la nature était bien faite puisque ce souci technique m’a permis de tomber sur un plagiat qui avait échappé à ma vigilance : une blogueuse dont je conserverai ici l’anonymat avait tout simplement copié-collé dans l’un de ses articles l’un des miens (un tirage spécial Yule créé il y a quelques années). Comme d’habitude, mon sang n’a fait qu’un tour, car ce type de pratiques me révolte au plus haut point, d’autant que plusieurs avertissements figurent dans mon Chaudron quant à la tentation de s’approprier mes contenus (voir onglet « Bienvenue ! »).

Je suis souvent confrontée à ce phénomène déplaisant : blogs, sites et forums « ésotériques », boutiques en ligne dont certaines ont pignon sur rue, et j’en passe, copient mes articles sans autorisation. Nombreux sont ceux qui trouvent mon travail suffisamment intéressant pour le reprendre à leur compte, mais qui ne prennent pas la peine d’en citer l’auteur ou la source. Habituellement, je n’expose pas le plagiaire mais le contacte pour régler le problème le plus rapidement possible. La seule exception que j’ai faite fut il y a quelque temps lorsque je me suis rendu compte qu’un plagiaire en série avait repris – et modifié – certains de mes textes. Pourquoi ? Parce que bien qu’il ait pillé toute une communauté en allant se servir çà et là pour composer ses articles et construire son blog, cet individu passe auprès de certains internautes pour une « référence ». Or, lorsque plusieurs personnes sont victimes des mêmes abus, il est important de faire connaître le véritable visage de celui qui aux yeux de certains tient un « site de qualité ».

Jusqu’à présent, j’ai toujours réussi à obtenir le retrait des contenus plagiés, et mis à part l’indélicat mentionné plus haut, j’ai à chaque fois conservé l’anonymat des internautes pris sur le fait. En effet, les nommer publiquement reviendrait à leur faire de la publicité et à inciter les lecteurs à aller les visiter, et donc à leur accorder encore plus de visibilité qu’ils n’en ont déjà. Inutile de les récompenser en leur apportant davantage de trafic ! J’ai la chance d’avoir vu chacune de mes nombreuses démarches aboutir, bien que cela ait parfois requis beaucoup de patience et de persévérance.

Malheureusement, le plagiat est une pratique courante sur Internet, et la sphère ésotérique n’est pas épargnée, loin de là ! C’est pourquoi il faut être particulièrement vigilant quant à la protection de ses contenus : le partage est une chose, mais le vol en est une autre, et il est bon de le rappeler à ceux qui confondent ces deux notions ! Voici quelques pistes qui vous y aideront si vous tenez un espace en ligne et si vous êtes confronté à ce phénomène (ou si vous êtes tenté d’enrichir votre espace grâce à la magie du copier-coller).

Le Chaudron de Morrigann: Do not copy

Qu’est-ce que le plagiat ?

Le plagiat est le fait de faire passer une œuvre (texte, image, enregistrement, etc.) pour sienne alors que ce n’est pas le cas. Ainsi, tout contenu qui apparaît sur un site ou un blog et dont l’administrateur ne serait pas l’auteur doit être traité avec la plus grande attention. Dès lors que l’on utilise un contenu qui n’est pas original (i.e. dont on n’est pas le créateur), il est impératif d’en identifier la source de manière visible et précise. De la même manière, on s’interdira de reprendre un article dans son intégralité, que l’on en cite la source ou non : le visiteur doit être renvoyé à la publication originale, car c’est la seule forme de reconnaissance que peut obtenir l’auteur. À moins bien sûr que ce dernier n’ait donné son accord écrit, que l’on aura pris soin de lui demander au préalable.

En d’autres termes, il est strictement interdit de copier-coller un article (dans son intégralité ou non), une image ou autre, sans l’accord de l’auteur. En France comme dans d’autres pays, le droit d’auteur est un droit tacite : il s’applique dès qu’une œuvre est produite, et l’auteur en est automatiquement reconnu comme le propriétaire légal (voir le code de la propriété intellectuelle). Aussi, il lui est techniquement inutile d’appliquer systématiquement les mentions concernant la propriété intellectuelle puisqu’il est nécessairement protégé par le droit. De la même manière, la notion de copyright n’existe pas en France. Pourtant, ces mentions ainsi que le sigle © sont d’usage courant sur les sites et blogs français (y compris dans mon Chaudron), non parce qu’ils ont une réelle portée juridique, mais plutôt pour signifier aux visiteurs que les contenus appartiennent à leur auteur et qu’il est interdit de les copier, car il semblerait que sur Internet, certains aient la mémoire courte. Ces éléments sont donc présents dans l’unique but de rappeler la règle. Ainsi, celui qui l’enfreint ne pourra pas arguer qu’il ignorait que la copie était prohibée.

Il convient cependant d’apporter une précision quant à l’utilisation du travail d’autrui. En effet, il faut faire la différence entre plagiat et citation. Le plagiat est l’appropriation de la production d’autrui et implique que toute référence à l’auteur a été gommée. Le plagiaire trompe donc le lecteur quant à la paternité de ce qu’il publie. La citation, quant à elle, est la reprise d’un court passage d’un texte que l’on place entre guillemets afin d’indiquer que les mots et les idées sont empruntés à quelqu’un d’autre. La citation s’accompagne toujours de la source (nom de l’auteur, lien vers la publication d’origine et nom du site), qui est indiquée de manière visible afin que le lecteur puisse accéder à l’article dans son contexte. J’insiste sur le fait que la citation doit rester courte, car comme dit plus haut il est hors de question de reprendre l’intégralité d’un texte. Par ailleurs, la citation a un rôle bien précis : elle ne se substitue jamais au discours mais vient l’appuyer, l’étoffer, le renforcer. Elle s’inscrit dans le cadre d’une réflexion ou d’une argumentation et est commentée au cours du raisonnement que l’on tient, d’où l’intérêt de la faire figurer dans le texte en la différenciant de celui-ci. Dans le doute, demander à l’auteur la permission d’utiliser un passage de son texte est toujours une bonne idée !

Quelles conséquences sur la visibilité d’un site ou d’un blog ?

Malgré ce qui vient d’être évoqué, il arrive que certains blogueurs ou webmestres se disent qu’après tout, être copié n’est « pas très grave ». Ils y restent indifférents, pensant que cela ne peut leur nuire. Et pourtant…

Non seulement le plagiat est une pratique illégale, mais elle est aussi désagréable – et c’est peu de le dire ! – à plusieurs niveaux. Tout d’abord, on se sent dépossédé de son travail, car voir quelqu’un d’autre s’approprier ce que l’on a passé des heures à écrire et recevoir compliments et visites grâce à un article dont il n’est pas l’auteur suscite un sentiment de révolte face à ce qui est vécu comme une injustice.

Au-delà du préjudice émotionnel et de la colère qui l’accompagne, le plagiat a aussi de lourdes conséquences sur la visibilité du site de l’auteur original… mais aussi sur celle du site du plagiaire ! En copiant-collant un contenu trouvé sur Internet, le plagiaire crée ce que l’on appelle un « doublon », c’est-à-dire un contenu identique à un autre. Or, les moteurs de recherche (Google en tête) pénalisent les doublons car ils détectent un contenu dupliqué mais n’identifient pas nécessairement lequel est antérieur à l’autre. Par conséquent, ils déclassent les pages concernées, qui se retrouvent reléguées en fin de résultats dans les recherches et deviennent pour ainsi dire quasi-invisibles. Du coup, le site voit son nombre de visiteurs et de pages vues diminuer de manière fulgurante, ce qui est plutôt décourageant pour quelqu’un qui s’efforce de publier du contenu de qualité et passe beaucoup de temps à y travailler !

L’autre répercussion du plagiat sur la visibilité d’un site ou d’un blog est due au fait qu’en publiant un contenu qui ne lui appartient pas, le plagiaire induit le lecteur en erreur. En effet, ce dernier attribue ce qu’il lit non à son véritable auteur mais au faussaire, surtout s’il tombe sur le site de celui-ci en premier. Voilà qui contribue à tisser une bonne réputation au plagiaire tandis que le contenu original reste totalement inconnu. Il ne bénéficie donc pas de la réelle visibilité qui devrait lui revenir et l’auteur – le vrai ! – n’est pas reconnu malgré le travail qu’il a fourni. Les éloges vont au plagiaire et c’est lui qui bénéficie du bouche à oreille : les internautes partagent sa/ses page/s et parlent de lui, le faisant ainsi connaître autour d’eux. Quant à l’auteur… il demeure inconnu, et son site ne reçoit pas les visites qui lui reviennent puisque celles-ci sont détournées, pas plus qu’il n’a le plaisir d’échanger avec ses lecteurs !

Comment protéger ses contenus ?

Voilà la grande question, celle qui revient le plus souvent au sein des discussions abordant le plagiat. Qu’on se le dise d’emblée : dès lors que l’on décide de publier quelque chose sur Internet, il n’existe aucun moyen infaillible pour empêcher quelqu’un de copier ce contenu, quel qu’il soit.

 

La protection absolue n’existe pas

Bien sûr, installer un anti clic droit sur son site est une pratique très répandue, mais cela n’arrête pas quelqu’un qui sait récupérer un contenu sans l’aide de la souris. En réalité, l’anti clic droit est davantage dissuasif qu’il ne constitue une réelle protection : normalement, un internaute qui effectue un clic droit et voit s’afficher une fenêtre disant quelque chose comme « merci de ne pas copier le travail du webmestre » comprend le message et s’abstient. Le plagiaire, quant à lui, copiera tout de même en utilisant un autre procédé et poursuivra son dessein. Tout dépend donc de l’attitude du visiteur : s’il respecte le travail d’autrui, il ne copiera pas ; si en revanche il ne cherche qu’à alimenter son site ou son blog rapidement, il ne tiendra pas compte de l’avertissement. S’il est pris la main dans le sac, il ne pourra toutefois pas prétexter qu’il n’était pas au courant puisqu’il aura nécessairement vu la mise en garde lors de sa visite.

La même chose vaut pour les avertissements que l’on peut afficher sur son site. Bien qu’ils soient utiles en signifiant clairement que l’utilisation d’un contenu n’est pas permise sans l’autorisation de l’auteur, ils n’empêcheront pas celui ou celle qui aura décidé de voler un article ou une image de le faire car là encore, on en appelle au bon sens et à l’honnêteté du visiteur. L’idée est, ici encore, de faire en sorte que le visiteur ne puisse pas prétexter ne pas avoir été informé de l’interdiction liée à la copie. Il est bien sûr recommandé de placer ces avertissements de façon visible sur l’ensemble du site ou du blog.

On le comprend, le seul moyen réellement fiable pour éviter le plagiat sur Internet est encore de ne rien y publier. Cependant, il serait dommage à cause de malotrus de se priver de partager son travail ! C’est pourquoi il vaut mieux ne pas écarter l’idée d’être plagié un jour et s’y préparer en anticipant des moyens de défense efficaces en cas de plagiat constaté. Pour cela, il faut être en mesure de prouver l’antériorité, c’est-à-dire qu’il faut être capable d’établir de façon irréfutable que l’on est bien l’auteur du contenu en question puisque l’on possède des preuves de son existence avant sa publication par le plagiaire. Pour ce faire, plusieurs solutions sont à disposition.

 

L’envoi en recommandé

La première option consiste à imprimer le contenu à publier ou à le graver sur CD-Rom puis à se l’envoyer par la poste en recommandé, ce qui permettra de dater le courrier et d’identifier clairement l’auteur du document. On prendra soin également de dater le document imprimé (date de création). Dans le cas où l’on choisit de le graver sur CD-Rom, le fichier sera automatiquement daté.

Pour que cette forme de protection soit efficace, il faudra bien sûr veiller à ne pas ouvrir l’enveloppe une fois le courrier reçu, sans quoi ce procédé n’aurait plus aucune valeur. On conservera donc le courrier scellé et il ne sera ouvert en présence d’un représentant de la loi qu’en cas de litige.

Le principal inconvénient de cette méthode est qu’il est nécessaire de payer à chaque envoi, ce qui peut revenir cher si on l’utilise fréquemment. Par ailleurs, il faut aussi penser qu’une fois le sceau brisé, l’enveloppe n’est plus valable. Or, il est très fréquent sur Internet de voir un même contenu plagié plusieurs fois ! Mieux vaut donc opter pour une solution plus durable.

 

Le dépôt électronique

C’est sans doute l’un des modes de dépôt les plus durables et les plus économiques. Par exemple, le site Copyright-France offre la possibilité d’effectuer plusieurs formes de dépôts selon le type de document que l’on veut protéger. Ainsi, il est possible de faire un dépôt ponctuel ou le dépôt du contenu d’un site web en continu.

Il suffit pour cela d’ouvrir un compte et de payer la formule correspondant à ce que l’on souhaite. Dans le cas d’un dépôt ponctuel, on paie pour un nombre de dépôts prédéfini selon les forfaits proposés. Dans le cas d’un site Internet, un forfait spécial est à disposition : une fois la formule payée, il suffit de sauvegarder les contenus à déposer dans un fichier compressé puis de se connecter à son compte et d’y envoyer le fichier grâce à l’interface en ligne. Une fois le dépôt pris en compte, on reçoit par courriel un certificat qui fait office de preuve. On le sauvegarde précieusement, et le tour est joué !

Lorsqu’on envoie le fichier, celui-ci est déposé chez un huissier et horodaté. Ainsi, en cas de plagiat constaté, on peut faire valoir auprès du plagiaire le dépôt chez l’huissier et, en cas de procès, obtenir un constat d’huissier prouvant l’antériorité de la publication originale. De plus, Copyright-France fournit pour chaque dépôt un badge à intégrer sur son site/blog afin d’indiquer que le contenu bénéficie d’une protection légale renforcée. Là encore, tout ceci n’empêchera pas le plagiat si le voleur est réellement motivé et sans scrupules, mais cela aura l’avantage de le prévenir des risques qu’il encourt.

C’est la solution que j’ai choisie il y a quelques années déjà et j’en suis tout à fait satisfaite, tant pour la simplicité d’utilisation du service que pour son efficacité. De plus, ce procédé est celui qui me semble être au plus proche des besoins d’une activité en ligne (on ne paie qu’une seule fois, à la création du compte de dépôt).

 

L’enveloppe Soleau

D’autres, comme l’enveloppe Soleau, sont beaucoup plus contraignants et peuvent se révéler coûteux s’il est question de dépôts réguliers et fréquents. Cette solution est proposée par l’INPI et convient parfaitement aux dépôts ponctuels. Cependant, elle ne me semble pas adaptée dans le cadre de dépôts fréquents, même si elle établit une preuve d’antériorité. Il en va de même pour le dépôt chez un notaire ou un huissier : cela peut être une bonne solution s’il s’agit d’un acte ponctuel, mais compte tenu du coût de cette procédure, il faudrait prévoir un budget conséquent dans le cas de dépôts réguliers… et je doute qu’un webmestre ou un blogueur soit prêt à dépenser de telles fortunes pour se prémunir contre le vol de ses contenus !

 

Comme on l’a vu ici, l’« anti-plagiat ultime » n’existe pas : il est impossible d’empêcher quelqu’un de voler un texte ou une image, quelle que soit l’astuce employée. Aussi, on pensera davantage à une manière sûre d’établir l’antériorité du contenu au cas où un plagiat constaté ou en cas de litige plutôt qu’à un anti-copie infaillible. Pour cela, il faut bien sûr prendre le temps de bien se renseigner et d’examiner les avantages et les inconvénients de chaque option en fonction de ses besoins. On se tournera alors vers le procédé qui paraît être le mieux adapté.

Comment détecter un plagiat ?

Lorsqu’on tient un site ou un blog, il est nécessaire d’effectuer régulièrement une recherche de plagiat.

 

Par hasard !

Il existe pour cela plusieurs méthodes, mais il faut bien avouer que le hasard joue un rôle non négligeable dans ce type de recherche. En effet, j’ai repéré certains plagiats lors de visites sur les sites incriminés, tout simplement ! Ici, le scénario est toujours le même : je lis un article ou une page, et je me dis « Tiens, c’est intéressant, ça ! ». Puis, poursuivant ma lecture : « C’est drôle, j’aurais pu écrire la même chose ! ». Un peu plus loin : « Ce texte me dit quand même quelque chose… et cela ressemble vraiment à mon style… ». C’est à ce moment-là que je vais vérifier sur mon blog ou mon site et compare ce que je viens de lire à ce que j’ai écrit… et que mes soupçons sont confirmés !

 

Grâce à une aide extérieure

Il peut aussi arriver que des internautes ou des amis signalent à l’auteur des contenus ressemblant étrangement aux siens. C’est assez rare, car à moins de bien connaître le travail de l’auteur, les plagiats passent inaperçus aux yeux des tiers.

 

En utilisant les moteurs de recherche

Il faut donc prendre sur son temps pour partir à la recherche d’éventuelles copies de ses contenus. Les moteurs de recherche sont pour cela des aides fort précieuses, car leur utilisation est d’une simplicité déconcertante. Il suffit de se rendre sur son moteur préféré et d’y copier-coller un passage (une phrase ou deux) de l’un de ses articles et de le mettre entre guillemets pour que la recherche porte sur l’expression exacte. On lance ensuite la recherche et l’on en examine les résultats. En l’absence de plagiat, les seuls résultats que l’on obtiendra pointeront vers la publication originale. En cas de plagiat, les résultats seront plus nombreux et ponteront vers d’autres sites ou blogs. On pourra alors les visiter et constater l’ampleur du délit.

La même opération peut être répétée avec différents passages d’un même article et sur plusieurs moteurs de recherche, ce qui en renforcera l’efficacité. Cette méthode, pour peu que l’on soit prêt à y consacrer un peu de temps, donne de très bons résultats. Une fois que l’on en a l’habitude, elle permet en quelques minutes de détecter de multiples plagiats. Elle est gratuite et son utilisation est illimitée, ce qui permet d’y avoir recours aussi souvent que nécessaire.

 

Grâce à un détecteur de plagiat

Il est également possible de se servir d’un détecteur de plagiat. On en trouve de très bons en ligne… et gratuits ! Le meilleur que j’aie pu trouver jusqu’à présent est Copyscape. Le fonctionnement est d’une simplicité déconcertante : il suffit de copier-coller dans la barre de recherche l’adresse d’une page de son blog ou de son site, puis de lancer la recherche. Si le contenu de la page a été plagié (i.e. dupliqué), Copyscape le trouve et l’affiche dans la liste de résultats, en prenant soin de surligner les passages identiques à la page d’origine. Ainsi, on visualise en un clin d’œil les ressemblances troublantes qui peuvent exister entre nos contenus et ce que d’autres ont publié ! On peut ensuite cliquer sur le lien et se rendre directement sur les sites des plagiaires pour procéder à la suite des opérations.

Il existe bien entendu d’autres sites et logiciels permettant de repérer un contenu dupliqué, et chacun utilisera celui qui lui conviendra le mieux. Cependant, force est de constater que Copyscape sort du lot, car il a décelé des plagiats que d’autres ne détectaient pas. Le seul inconvénient avec ce site est sans doute son utilisation limitée à un petit nombre de recherches par mois en version gratuite… Cela dit, une fois que l’on commence (malheureusement) à avoir un peu d’expérience en matière de plagiat, on se rend compte que les plagiaires volent certains contenus plus que d’autres. Aussi, c’est vers ceux-là que l’on orientera les recherches en priorité.

Vous avez été plagié ? Des solutions existent !

Bien que l’on se sente impuissant lorsqu’on constate que quelqu’un s’est approprié nos contenus, des solutions existent. Le plagiat constitue un vol et il est important de rendre à César ce qui lui appartient en faisant retirer purement et simplement le contenu incriminé. Voici comment s’y prendre :

 

Le premier réflexe : faire une copie d’écran

C’est l’étape incontournable si l’on veut prouver la copie frauduleuse de contenus qui nous appartiennent. Dès que l’on constate un plagiat, il est indispensable d’avoir une preuve de ce que l’on avance, car cela peut toujours servir pour démontrer sa bonne foi au cas où l’on ne parviendrait pas à faire entendre raison au plagiaire ou en cas de récidive. Il convient donc d’effectuer des copies d’écran des contenus volés et de les enregistrer dans un dossier dédié au plagiat. On pourra classer les fichiers par site et par ordre chronologique afin que les recherches ultérieures soient plus aisées si l’on veut prouver que ce n’est pas la première fois que tel ou tel site reprend des contenus non autorisés. Il sera ainsi plus facile de passer aux étapes suivantes.

 

Contacter le plagiaire

C’est toujours la première démarche à entreprendre. Bien sûr, il n’est possible de le faire que si le blog ou le site (ou forum) affiche un lien vers un formulaire de contact, ce qui n’est pas toujours le cas. Il faut s’efforcer de bien examiner le site car il arrive que cette option ne soit pas facile à trouver ! Cette méthode peut porter ses fruits, et elle suffit parfois à régler le problème.

Le courriel de contact doit être à a fois courtois et ferme

Il faut expliquer au plagiaire que le contenu qu’il publie (en l’identifiant précisément à l’aide de liens) nous appartient et qu’il n’est pas autorisé à en faire usage de la sorte, et préciser au besoin qu’il se rend coupable d’un délit en agissant ainsi. Lui expliquer brièvement le caractère légal de la chose et lui laisser entrevoir les recours auxquels on peut faire appel sera un argument supplémentaire qui l’aidera à prendre conscience de ce qu’il risque s’il ne retire pas de son site ce qui nous appartient. On demandera alors expressément le retrait pur et simple des contenus dans un court délai. En général, cela suffit à voir en quelques jours – parfois quelques heures – le site en question allégé du contenu signalé. La plupart du temps, il faut contrôler soi-même en retournant régulièrement sur le site, car peu nombreux sont les plagiaires qui répondent à ce genre de courriel. Encore plus rares sont ceux qui présentent des excuses pour leur comportement déplacé, c’est dire la mentalité de la plupart des auteurs de ces pratiques ! Un prochain article reviendra sur les différentes réactions des plagiaires auxquels j’ai eu affaire, car il sera intéressant de comprendre leurs différents raisonnements afin de mieux les parer. Non pour les excuser, loin de là, mais plutôt pour se rendre compte de la « naïveté » des uns et de la fourberie des autres.

Si le plagiaire retire le(s) contenu(s), tout va bien et on en reste là

On prendra soin cependant de conserver les captures d’écran dans un dossier et de vérifier régulièrement qu’aucun autre de nos contenus n’apparaît sur le site du plagiaire. Il peut arriver que l’on doive durcir le ton dans les échanges si le plagiaire refuse d’obtempérer. Là encore, il faut rester ferme et lui expliquer les prochaines étapes de notre action, sans omettre les poursuites judiciaires. S’il refuse toujours de s’exécuter, on continue en passant aux étapes suivantes, en commençant par contacter l’hébergeur de son site.

 

Signaler un abus ou déposer une requête DMCA ?

S’il n’existe aucun moyen de contacter le plagiaire en passant directement par son site ou blog, il faut emprunter un autre chemin pour faire retirer le contenu dupliqué. C’est alors que l’on contacte l’hébergeur du blog ou site concerné. Bien souvent, on trouve dans le pied de page du site un lien « signaler un abus ». S’il est présent, c’est par celui-ci qu’il faut passer. Il dirige la plupart du temps vers un formulaire de contact adressé aux administrateurs et modérateurs de la plateforme qui héberge le site, c’est-à-dire à des interlocuteurs ayant le pouvoir de statuer sur la légitimité d’un contenu dont ils sont responsables en tant qu’hébergeurs. C’est pourquoi les plateformes d’hébergement de blogs et de site annoncent dans leurs conditions générales d’utilisation (C.G.U.) que les contenus publiés doivent être originaux, libres de droits ou apparaître avec l’autorisation de l’auteur s’il n’est pas l’administrateur du site. Les plateformes sont très vigilantes par rapport à cela car elles ont leur part de responsabilité en cas de procédure judiciaire, de la même manière que les administrateurs d’un forum sont responsables de tout ce qui est publié sur leur forum (bien que certains l’oublient) !

Si l’on ne trouve pas de lien pour signaler un abus, il faut alors s’arranger pour trouver quelle plateforme héberge le site. Celle-ci est souvent identifiée en pied de page ; dans le cas contraire, on regarde dans les mentions légales et s’il n’y en a pas (ce qui est fâcheux !), une recherche sur Google aura vite fait de révéler la précieuse information.

Une fois en possession de celle-ci, il suffit de se rendre sur le site de la plateforme qui héberge le site et d’en contacter les administrateurs. En règle générale, la réaction ne se fait pas attendre et le contenu signalé est retiré très rapidement. Sur les plateformes dont le siège est aux États-Unis, il est demandé de remplir un formulaire de requête DMCA, qui tient son nom de la loi américaine de 1998 visant à encadrer l’utilisation de contenus sur Internet (Digital Millennium Copyright Act). Les champs de ce type de formulaire sont très précis et il convient de détailler au maximum l’objet de sa demande si l’on veut qu’elle soit prise en compte. C’est pourquoi il est très important de faire des captures d’écran à la fois de son propre site et de celui du plagiaire et de les mettre en regard pour que les administrateurs puissent comparer les deux versions. Il est indispensable que ces captures soient claires et explicites, facilitant l’identification des éléments plagiés (voir à ce propos les captures que j’avais faites ici), d’autant qu’il peut arriver que l’hébergeur ne lise pas le français.

La précision est donc la clef ici pour avoir gain de cause : plus on est précis sur la demande, plus on a de chance d’être entendu et de voir sa requête traitée rapidement, parfois même en quelques heures. Voilà qui m’amène à la question que chacun se pose certainement : quelles sont les conséquences de l’aboutissement de cette démarche pour le plagiaire ? Si l’on procède à un signalement d’abus, le résultat le plus immédiat est la suppression sans préavis de la page concernée. Ainsi, lors des visites ultérieures des robots de référencement, elle sera désindexée des moteurs de recherche. Dans le cas d’une requête DMCA, la page est là aussi supprimée aussitôt l’infraction constatée, mais elle est également immédiatement supprimée des moteurs de recherche, et le plagiaire – ou du moins son site – subit une pénalité qui vient plomber son référencement.

Pour trouver facilement où faire ce type de réclamations, voici les liens vers quelques-unes des grandes plateformes d’hébergement de contenu :

Google : suppression de contenu sur les produits Google
Wordpress : DMCA notice
Prestashop (pour certains commerçants indélicats) : signaler un abus
Youtube : signaler un abus ; contacter par email

 

Faire établir un constat d’huissier

L’argument des poursuites judiciaires pèse lourd dans la balance et en général, il suffit de montrer sa détermination à utiliser ce recours pour que le plagiaire obtempère et retire les contenus volés. Pourtant, il est parfois nécessaire de ne pas en rester aux mots et de passer à l’action. Pour cela, se rapprocher d’un avocat ou d’un huissier est indispensable. L’huissier établira un constat qui certifiera l’antériorité – et donc la propriété – des contenus en question. L’établissement d’un tel document est loin d’être gratuit, certes, mais c’est en général la première étape lorsqu’on passe à la vitesse supérieure. Comme je l’ai évoqué plus haut, CopyrightFrance inclut cette démarche dans ses services.

Cela dit, avant d’entamer ce type d’action, il est vivement recommandé de prendre conseil auprès d’un avocat, qui sera habilité à vous guider efficacement quant à la stratégie à adopter. Je rappelle que je ne suis pas juriste et que ce que j’expose ici relève de mon expérience et du bon sens. Par conséquent, je ne peux me substituer à l’expertise de professionnels du droit !

 

Et pour les récidivistes ?

Pas de pitié ! Un plagiaire averti une ou plusieurs fois sait pertinemment à quoi il s’expose en continuant à agir de la sorte. Aussi, dès lors que l’on constate qu’un site ou un blog reprend de façon coutumière nos contenus originaux malgré les avertissements qu’on lui adresse, il ne faut pas hésiter à faire des copies d’écran et à entamer des poursuites judiciaires. Lorsque tous les autres recours sont vains, c’est malheureusement la seule solution.

Le mot de la fin

Vous voilà désormais parés pour faire face au plagiat efficacement. Malheureusement, il s’agit d’un fléau très répandu et très difficile à éradiquer, qui comme on l’a vu peut avoir de lourdes conséquences sur la vie d’un blog, d’un site ou même sur une activité professionnelle.

C’est pourquoi il faut rester vigilant et ne pas hésiter à agir lorsqu’on découvre son travail sur un autre site que le sien. Peu importe que ledit site soit un blog personnel, un site professionnel ou commercial, l’infraction ne doit pas être ignorée. Certes, cela demande de la patience et de la détermination, mais il est indispensable de lutter contre ces pratiques, sans quoi ceux qui y ont recours continueront en toute impunité. Par exemple, au cours de la rédaction de cet article, je suis tombée sur de « nouveaux » plagiats de mes articles (du moins des plagiats dont je n’avais pas connaissance jusqu’alors) sur le site d’une boutique en ligne, et j’ai réagi immédiatement. Si l’on n’a pas daigné me répondre, les contenus visés ont quant à eux été retirés rapidement. Parfois, il faut insister davantage, mais tous les cas il est important de veiller à rester ferme, et surtout de ne pas avoir peur d’aller plus loin si les contacts se révèlent infructueux.

À lire en complément

Outre les articles et documents proposés dans les liens présents dans le corps du texte, je vous invite à lire également :

Theresa Reed, alias The Tarot Lady, évoque le plagiat dans plusieurs articles sur son blog : « Can I Use Your Stuff On My Site? », « What to do with business drama », « When to play hardball », « Handling Online Plagiarism Without Losing Your Cool… or Your Spirit ».

Sur son blog Beautiful Law, Danaé, juriste, a publié un article très intéressant – et assez complet – intitulé « Nos blogs, la loi et nous ».

Dans mon Chaudron, vous trouverez enfin un article appelé « Lettre au plagiaire ».

(© Morrigann Moonshadow, le 03 juin 2016. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)

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4 commentaires

  1. Nous vous remercions de mentionner mon blog. Je suis heureux de savoir que les messages sur le plagiat ont été utiles .

    Bénédictions ,
    Theresa

    (PS I used Google translate to write the note above – my French is rusty at best. I appreciate you mentioning my blog posts. THANK YOU! XXOO)

    • Hi Theresa,

      Thank you so much for your comment, I am honored! Your blogposts about plagiarism helped me a lot when I had to deal with this issue several months ago, and I think they help other people as well 😉 You helped me feel not as alone as I felt before and gave me the strength to fight against it without giving up, and I thank you for that!

      Blessings,
      Morrigann xoxo

  2. Bonsoir Morrigann,
    Merci pour ton article très intéressant et utile. Très bonne idée les copies d’écran comparatives !
    Moi aussi, dans un domaine tout à fait différent, je suis souvent plagiée.
    J’ai même retrouvé certains de mes contenus gratuits qui étaient vendus sous forme de e-book par un tiers !
    En général un mail bien senti arrête les agissements de la personne.
    Sauf sur les sites des pays de l’est, où avec la barrière de la langue je n’ai pas encore trouvé de solution.
    Mais cette fois je suis tombée sur une coriace qui ignore les demandes de retrait de mes contenus plagiés, qu’elle a un peu transformés pour essayer de masquer la copie. C’est pourquoi je cherchais des conseils et l’on m’a gentiment recommandé ton blog.
    Il est désormais dans mes favoris.
    Encore merci.

    • Bonsoir Olivia;

      Merci pour ton commentaire. Je suis heureuse que cet article puisse aider les personnes qui sont victimes de l’indélicatesse des plagiaires à y réagir et à obtenir gain de cause!

      Le plagiat reste un véritable fléau sur Internet car certains n’ont aucun respect pour le travail d’autrui. En ce qui concerne les pays de l’Est, il est très courant d’y constater des contrefaçons, quel que soit le domaine dans lequel on s’exprime. Illustrateurs, auteurs, musiciens, créateurs de contenus variés, tout le monde est touché! Il est certes plus difficile d’atteindre les sites basés dans ces pays, mais cela demeure possible, en prévenant Google dans un premier temps. Si l’on arrive à faire retirer un site ou une page du moteur de recherche le plus utilisé, le nombre de visites sur ces sites s’en ressent, ce qui les pénalise. On peut ensuite identifier l’hébergeur et le prévenir pour que le nécessaire soit fait.

      J’espère en tout cas que tu réussiras à venir à bout du plagiat auquel tu es confrontée en ce moment! N’hésite pas à me tenir au courant si tu le souhaites!

      À bientôt,
      Morrigann

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