Qu’est-ce qu’un tarot? Définition de l’objet et de quelques-unes de ses utilisations

Cette question, souvent posée, trouve rarement de réponse claire et précise. Tarot, oracle, beaucoup s’y mélangent et les confondent ou pire encore, pensent qu’il s’agit de la même chose. De plus, on constate en surfant sur Internet ou en allant dans des boutiques que les concepteurs de jeux divinatoires appellent souvent « tarot » ce qui est en réalité un oracle, ce qui est loin d’éclairer la lanterne de celui qui cherche à faire la différence.

Il y a quelque temps, j’ai déjà publié un article au sujet de la différence entre un tarot et un oracle afin de clarifier certains points. Ici, je propose de me pencher plus en détail sur ce qu’est un tarot, afin de donner un aperçu non seulement de l’objet, mais aussi de ses diverses utilisations.

Le tarot en tant qu’objet

Lorsqu’on parle de « tarot », on fait allusion à un objet bien précis, quelle que soit la manière dont on s’en sert. L’objet en question répond à un certain nombre de caractéristiques particulières.

 

Une structure fixe

Il s’agit d’un jeu de cartes à structure fixe composé de 22 arcanes majeurs et 56 arcanes mineurs qui forment un ensemble de 78 cartes (parfois 79, car certains jeux américains comprennent un majeur supplémentaire appelé « The Happy Squirrel » – « L’Écureuil Heureux » – en hommage à un épisode des Simpsons où Lisa se fait tirer les cartes lors d’une fête et tombe sur celle-ci, qui semble-t-il est annonciatrice des pires catastrophes). Quel que soit le jeu au sein d’une même tradition, le nom et l’ordre des lames sont toujours les mêmes.

Par exemple, si l’on se concentre sur le tarot de Marseille et le Rider-Waite Smith Tarot, les arcanes majeurs sont les suivants :

Tarot de Marseille Rider-Waite Smith Tarot
Le Mat 0. The Fool
I. Le Bateleur I. The Magician
II. La Papesse II. The High Priestess
III. L’Impératrice III. The Empress
IV. L’Empereur IV. The Emperor
V. Le Pape V. The Hierophant
VI. L’Amoureux VI. The Lovers
VII. Le Chariot VII. The Chariot
VIII. La Justice VIII. Strength
VIIII. L’Hermite IX. The Hermit
X. La Roue de Fortune X. The Wheel of Fortune
XI. La Force XI. Justice
XII. Le Pendu XII. The Hanged Man
XIII. L’Arcane Sans Nom XIII. Death
XIIII. Tempérance XIV. Temperance
XV. Le Diable XV. The Devil
XVI. La Maison Dieu XVI. The Tower
XVII. L’Étoile XVII. The Star
XVIII. La Lune XVIII. The Moon
XVIIII. Le Soleil XIX. The Sun
XX. Le Jugement XX. Judgment
XXI. Le Monde XXI. The World

 

Remarques

L’ordre des lames dans le Tarot de Marseille et dans les jeux de type Rider-Waite Smith est différent. En effet, dans ce dernier (et, par extension, dans les jeux qui adoptent ce modèle), la Force est en VIII et la Justice en XI.

Par ailleurs, les archétypes présentés dans ces deux traditions ne sont pas identiques (d’où les différences de dénomination en ce qui concerne certaines lames), ce qui influe bien sûr sur la symbolique et les significations des lames. Ceci est représentatif de la vision du Monde qui est véhiculée par chaque tradition (judéo-chrétienne pour le tarot de Marseille, areligieuse et universaliste pour le Rider-Waite Smith Tarot).

Dans le tarot de Marseille, le Mat ne porte pas de numéro. Ainsi, on peut le placer au tout début du cycle et lui attribuer le 0, tout comme on peut lui donner le 22. Il est donc à la fois le début et la fin du parcours initiatique, ce qui souligne la structure circulaire du cycle des majeurs. Dans la tradition Rider-Waite Smith en revanche, on lui donne la position 0, le plaçant ainsi au début du cycle. Cela dit, dans un cas comme dans l’autre, on remarque qu’il se situe à part dans le cycle des majeurs.

On notera également que dans le tarot de Marseille, l’arcane XIII n’est pas nommé, mais est défini comme l’Arcane Sans Nom ou Arcane XIII. Dans les jeux de tradition Waite, en revanche, on l’appelle « Death » (La Mort).

Cette structure fixe vise à reproduire l’ordre du Monde. Si l’on étale les arcanes majeurs dans l’ordre, on remarque une évolution, comme si les lames racontaient une histoire. En réalité, les majeurs représentent le cycle de la vie d’un être humain et le parcours initiatique de celui-ci au sein du Monde. On part ainsi de l’innocence et d’une figure inexpérimentée (le Mat/Le Fou) pour arriver à la complétude lorsque le personnage, après avoir traversé plusieurs épreuves et avoir acquis de la sagesse, prend pleinement conscience de sa place dans le Monde, qu’il peut désormais occuper.

Il est possible de diviser le cycle dépeint par les majeurs en plusieurs étapes marquantes :

  1. Les découvertes et les commencements : le Mat (le Fou), le Bateleur (le Magicien), la Papesse (la Grande Prêtresse), l’Impératrice, l’Empereur, le Pape (l’Hiérophante) ;
  2. Les choix et les décisions déterminants : l’Amoureux (les Amants), le Chariot, la Justice (la Force), l’Hermite, la Roue de Fortune, la Force (la Justice) ;
  3. Les épreuves : le Pendu, l’Arcane Sans Nom (la Mort), Tempérance, le Diable, la Maison-Dieu (la Tour) ;
  4. L’élévation spirituelle et céleste, l’épanouissement au sein du Monde : l’Étoile, la Lune, le Soleil, le Jugement, le Monde

[pour des explications détaillées quant au cycle des majeurs, voir ici]

Les lames mineures se divisent quant à elles en quatre suites qui reprennent la structure d’un jeu de cartes classique où les numéraires de 1 à 10 sont suivies de figures (Valet/Page, Cavalier, Reine, Roi). Chaque suite est en relation avec l’un des quatre éléments et est associée à un domaine de la vie du consultant :

  • Bâtons => les émotions => Feu ;
  • Coupes => domaine sentimental et affectif => Eau ;
  • Épées => domaine des études, les aspects spirituels, les difficultés et les épreuves => Air ;
  • Deniers/Pentacles => domaine matériel et financier => Terre.

Comme on peut le voir, les mineures ont une portée plus « concrète », plus terrestre que les majeures. En effet, si ces dernières paraissent plus abstraites parce qu’elles sont hautement symboliques et font appel à des archétypes parfois complexes, les premières sont beaucoup plus « terre à terre », car orientées vers les préoccupations quotidiennes et courantes.

Le sens des cartes

Lors d’un tirage, il est possible que des lames se retrouvent « à l’endroit » (on dit alors qu’elles sont « droites ») et d’autres « à l’envers », « la tête en bas » (on dit qu’elles sont « renversées »). Certaines personnes n’en tiennent pas compte et se contentent de remettre les cartes en position droite. Cependant, il me semble important de considérer le sens originel de chaque arcane, qu’il soit majeur ou mineur, car autrement on perd toute une partie de l’interprétation.

Dans le tarot de Marseille comme dans le Rider-Waite Smith Tarot, les majeurs possèdent tous un sens droit et renversé. Leur signification varie parfois grandement en fonction de cela, et adopter les deux sens de lecture permet d’affiner les interprétations. On a ainsi une vision plus juste de la situation que l’on explore, car les nuances sont toujours importantes.

Les mineurs du tarot de Marseille, quant à eux, peuvent se diviser en deux catégories : ceux qui admettent un sens droit et un sens renversé, et ceux qui sont symétriques. Ces derniers présentent une illustration qui ne permet pas de distinguer le « haut » du « bas ». Certaines personnes déterminent un sens pour ces cartes-ci aussi en marquant le haut ou le bas d’un point (ou en se servant de la position de la mention de l’éditeur sur chaque carte). Chacun fait comme il le souhaite, mais cette pratique me paraît artificielle : pourquoi ne pas accepter tout simplement que certaines lames n’aient pas de sens ? Quant aux jeux qui suivent le modèle Waite, pas de problème : les lames étant toutes illustrées, il n’y a aucune difficulté à déterminer si les mineures apparaissent droites ou renversées dans les tirages !

En ce qui me concerne, j’ai dès le départ pris l’habitude de me servir des sens droits et renversés. Bien sûr, cela « complique » un peu la lecture parce qu’il faut faire attention à plus de choses, mais j’ai remarqué que cela se révélait très efficace, notamment dans les tirages de l’année où il faut mettre en relief les énergies présentes. Cela dit, conserver ou non les cartes renversées fait partie des conventions que chacun se fixe.

Quelques indications pour l’utilisation du tarot

Pourquoi différentes méthodes de tirage ?

Parce que les questionnements sont multiples et qu’un seul mode de tirage ne pourrait répondre à toutes les préoccupations exprimées par les consultants ! La méthode de tirage à utiliser dépend de la question posée ou de la préoccupation exprimée. Il convient donc de choisir une méthode qui saura fournir des éléments intéressants et utiles à la situation que l’on examine.

Chaque méthode correspond à des conventions fixes et propres à chacune. En d’autres termes, dans un tirage, chaque carte occupe une position ou a une fonction bien précise qui détermine dans quelle direction doit aller l’interprétation. Il est capital de respecter cela, sans quoi on aura bien du mal à trouver un sens à son tirage !

 

Comment mélanger les cartes ?

Avant de tirer les cartes, il faut les mélanger. Plusieurs façons de faire se présentent. Si l’on choisit de ne pas tenir compte du sens renversé des cartes, on peut simplement les battre (comme on le fait au début d’une partie de poker), puis couper le jeu. Si au contraire on a choisi d’utiliser les lames renversées, on va plutôt brasser le jeu. Pour ce faire, on place le jeu complet en tas face cachée sur la table, puis on pose la main dessus et on procède en mouvements circulaires pour mélanger les cartes. Lorsqu’on juge avoir assez mélangé, on rassemble les cartes et on coupe.

 

Le tarot est-il exclusivement un outil prédictif ?

Non. Selon ce que l’on en fait, il sert évidemment à « prédire » l’avenir (ou plus exactement à avoir un aperçu de ce qui peut se produire si l’on prolonge les dynamiques présentes), mais il ne se limite pas uniquement à cela. Il peut être un conseiller qui permet de clarifier une situation difficile ou embrouillée en révélant les choses sous un angle encore non envisagé par le consultant. Il est aussi un formidable outil dans la connaissance de soi car il permet d’explorer les aspects intérieurs et spirituels de l’être.

(© Morrigann Moonshadow, le 25 janvier 2011. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)

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