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Lammas/Lughnasadh: le festival oublié
Lammas/Lughnasadh est enfin là ! Ce 1er août est le jour de Lammas/Lughnasadh. Ce sabbat marque le temps de la Première Récolte, où les fruits sont mûrs, gorgés de soleil et où les blés sont blonds et prêts à être coupés.
Les origines
Ce sabbat est tantôt appelé Lammas, tantôt Lughnasadh. « Lammas » est un nom dérivé de l’anglo-saxon hlaef-mass, qui peut se traduire aujourd’hui par loaf-mass. Cette expression fait référence à l’imposante miche de pain que l’on confectionne et que l’on partage à cette occasion, en hommage aux diverses récoltes (fruits, céréales) que l’on s’apprête à faire.
« Lughnasadh » est quant à lui un terme gaélique dans lequel on reconnaît le nom du dieu Lugh, reconnu à tort par certains comme l’une des divinités de la lumière. En effet, plusieurs chercheurs ont souligné l’erreur étymologique qui a longtemps consisté à établir un parallèle entre lugh et lux (lumière, en latin) [1]. Pourtant, bien que certains aient voulu faire de Lugh un dieu du soleil [2], il n’en est rien puisqu’il est en réalité une divinité lumineuse et solaire, ce qui ne signifie pas qu’il incarne la lumière ou le soleil mais qu’il en concentre certaines propriétés en son être. À ce titre, Robert-Jacques Thibaud le présente comme « une divinité lumineuse (non le soleil) » [3].
À travers le nom qui lui a été donné, c’est ce dernier aspect de Lugh que fait ressortir cette fête. Le dieu y incarne l’idée de la lumière et de la chaleur du soleil qui vont commencer à diminuer sous peu. On célèbre alors le déclin imminent de l’astre solaire, anticipant ainsi les récoltes suivantes et l’enfoncement progressif dans la période hivernale qui se dessine. Ceci est assez logique puisque les récoltes permettent justement de préparer l’hiver car emmagasiner des victuailles et des ressources est indispensable si l’on veut pouvoir se nourrir convenablement durant cette longue période sombre.
Notes :
[1] Voir à ce propos : Robert-Jacques THIBAUD, Dictionnaire de mythologie et de symbolique celte, Paris : Dervy, 1995, p. 245, s.v. « Lug (ou Lugh) » ; James McKILLOP, Oxford Dictionary of Celtic Mythology, Oxford: OUP, 2004 [1998], p. 305, s.v. “Lug Lámfhota”.
[2] T.W. ROLLESTON, Celtic Myths and Legends, New York: Dover Publications, 1990 [Myths & Legends of the Celtic Race, 2nd and rev. ed., London: G.G. Harrap, 1917], p. 109.
[3] Robert-Jacques THIBAUD, Dictionnaire de mythologie et de symbolique celte, op. cit., p. 245.
La symbolique
Dans le cycle de la Roue de l’Année, Lammas/Lughnasadh est aussi parfois connu sous le sobriquet du « festival oublié » (the forgotten festival). Il est en effet l’un des sabbats les plus méconnus, bien qu’il soit tout aussi intéressant que les autres. Ceci est sans doute dû au fait qu’il tombe au beau milieu de l’été, lors d’une période pendant laquelle on pense le moins au prochain retour de l’hiver qui semble alors bien lointain, du moins aux yeux de notre société contemporaine.
L’image qui domine Lammas/Lughnasadh est celle de la récolte, première du calendrier wiccan. L’heure est à la récolte des fruits, du blé et d’autres céréales, et il n’y a pas grand effort à faire pour que l’esprit à l’imagination fertile voie tous ces éléments réunis dans une corne d’abondance. Par extension, Lammas/Lughnasadh est la période où l’on récolte le fruit de ce que l’on a semé, que ce soit sur le plan spirituel, humain ou matériel. En quelque sorte, le temps est venu en cette première récolte de faire un premier bilan et de compter ses acquis. Ceci fait bien sûr écho au sabbat suivant – Mabon, le Thanksgiving des sorcières – et le préfigure.
Les coutumes
Les traditions qui animent Lammas/Lughnasadh sont déjà présentes en filigrane dans les deux principaux noms de cette fête. Pour rendre hommage aux récoltes de fruits et de céréales, il est courant de dresser d’énormes paniers de fruits ainsi que d’énormes miches de pain que l’on partage avec ceux que l’on aime. On confectionne également des figures avec les épis de blé et les feuilles de maïs que l’on appelle corn dollies (poupées de grain). Le soleil peut également être mis à l’honneur à travers des jeux de miroirs comme par exemple en suspendant des pampilles derrière une fenêtre afin de refléter la lumière solaire (sun catchers).
Nombreuses sont les coutumes et traditions qui entourent le sabbat de la Première Récolte. La plupart sont tournées vers la magie culinaire et domestique, la guérison et les bienfaits prodigués par le soleil, etc. Rien n’empêche de se montrer inventif, du moment que l’on reste dans l’esprit de cette fête !
Lecture utile
Je signale au passage un très bon ouvrage sur Lammas/Lughnasadh, dont la couverture illustre le présent article. Celui-ci offre un panorama très complet sur les origines, les coutumes, la magie, les jeux, etc. en rapport avec ce sabbat. Voici la référence complète :
Anna FRANKLIN, Paul MASON. Lammas: Celebrating the Fruits of the First Harvest. St Paul, MN: Llewellyn Publications, 2001.
(© Morrigann Moonshadow, le 1er août 2012. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)